Représentativité nationale interprofessionnelle : tout change… mais rien ne change !
Le 29 mars,la Direction Générale du Travail a annoncé les résultats concernant la représentativité nationale interprofessionnelle des organisations syndicales. CGT, CFDT, FO, CGC e t CFTC conservent leur représentativité officielle, UNSA et Solidaires continuent à être considérées comme non représentatifs selon les critères de la loi de 2008.
Solidaires est crédité d’un résultat de 3,47%, qui est à mettre au regard de notre présence dans les entreprises concernées par ce calcul de la représentativité. Organisation encore jeune et très diversement implantée, très souvent combattue notamment par les directions d’entreprise, Solidaires n’est à ce jour présent que dans un peu plus de 15% des entreprises ayant des élections professionnelles. Malgré son développement continu, et particulièrement ces dernières années dans le secteur privé, personne ne s’étonnera de voir qu’à ce jour et selon ces critères, Solidaires n’est pas encore représentatif au niveau interprofessionnel. Le résultat est présenté comme « une mesure objective » du poids de chaque syndicat, mais en passant sous silence que les conditions n’étaient pas les mêmes pour tous. Ceux qui avaient plus de droits font de meilleurs scores que ceux qui en avaient moins !
Pour autant, Solidaires est r e c o n n u représentatif dans 42 Conventions collectives nationales et locales, dans le secteur de la santé et du social, des journalistes et des médias, de l’industrie métallurgique et chimique, du commerce et des services, de la sous traitance ferroviaire, de la culture… et les bouchers du Haut Rhin.
Cette représentativité, nous l’avions dans les faits mais elle nous était refusée jusque-là dans la plupart des cas, nous défavorisant par rapport à d’autres organisations. Dans de nombreuses entreprises, les syndicats membres de l’Union syndicale Solidaires sont premières ou deuxièmes organisations syndicales, dans des secteurs aussi divers que les transports, la presse, la santé et le social, les télécommunications, le commerce ou l’industrie. Solidaires est par ailleurs représentatif dans la Fonction publique qui emploie plus de 5 millions d’agents.
Ce calcul de la représentativité est une conséquence de la loi dite de « démocratie sociale » d’août 2008 et issue de la position commune CGT/CFDT/Patronat. La loi de 2008 a ménagé quelques arrangements pour les confédérations historiques puisqu’une disposition prévoit que les organisations représentatives nationalement en 2013 auront automatiquement une représentativité dans toutes les conventions collectives (quelque soit leur score dans le secteur) jusqu’en 2017… ce qui ne sera pas le cas pour les autres !
Les résultats annoncés le 29 mars seront officialisés d’ici l’été, et feront l’objet de décrets. D’ici là, de nombreux contentieux vont sans doute voir le jour, dans le cadre des conventions collectives ou interprofessionnel. Mais durant cette période, les attaques contre les salarié-es, les chômeurs-ses et les retraité-es ne vont pas s’arrêter, que ce soit à travers la volonté gouvernementale de traduire dans la loi le scandaleux accord sur l’insécurisation de l’emploi, les nouvelles menaces sur les retraites ou les licenciements qui se multiplient. Le rôle des organisations syndicales est de construire les mobilisations qui empêcheront ces nouveaux reculs sociaux. Si clivage il doit y avoir, il n’est pas entre syndicats « représentatifs » ou « considérés comme non représentatifs », mais bien entre ceux qui acceptent et accompagnent les politiques libérales et ceux qui les refusent.
Dans les entreprises, les services et les administrations, Solidaires continuera d e mettre en œuvre un syndicalisme de contre-pouvoir qui lie défense quotidienne des salarié-es et transformation de la société.