La Poste hors-la-loi, et en guerre contre son personnel !
Une stratégie nationale…
Du 92 à Aubigny-sur-Nère, en passant par Paris et pour finir dans le Loiret, sur la DSCC(nouvelle appellation de la DOTC) Beauce-Sologne, le seul réel dialogue social de La Poste se distingue par son refus de négocier loyalement, et par sa rapidité à taper sur celles et ceux qui contestent et qui luttent, militant-es syndicaux, grévistes, « grandes gueules » ou simplement postier-es soucieux-euses du respect de leurs droits. Derrière l’image d’entreprise à « modèle social », la vérité est beaucoup plus cruelle.
… Qui passe par la DSCC Beauce-Sologne
Depuis ces dernières années et en particulier ces derniers mois avec l’arrivée du nouveau Directeur de la DSCC, on connait une volonté de mettre en place, contre les attentes du personnel et de ses représentant-es, les fameuses organisations innovantes, entrainant la destruction de l’équilibre vie privée/vie professionnelle avec des horaires plus tardifs liés aux pauses méridiennes, la suppression de 100 emplois par an sur les 3 prochaines années, mais surtout des tentatives d’intimidation des militant-es, par des sanctions du 1er groupe, distribuées comme des brimades sur des motifs futiles, injustes ou infondés…
Ne plus négocier, frapper !
Mais c’est à partir du conflit de Fleury-les-Aubrais que la DSCC a révélé ses véritables intentions. Elle n’attendait que le moment d’une lutte un peu sérieuse pour exprimer sa véritable dimension et montrer jusqu’où elle pouvait aller pour casser tout-es celles et ceux qui s’opposent à sa volonté. Jugez en donc : 5 jours de conflit sur le site de Fleury-les-Aubrais contre une réorganisation qui supprime 9 positions de travail, en démonte nombre d’autres et envoie les agents dans des locaux inadaptés et mal réaménagés de la PIC. Des mois de « négociation » pour rien avec une direction d’établissement qui ne veut pas faire la moindre concession : on dialogue, on dialogue mais la plupart des points sont non négociables … Pendant tout le conflit, la seule position de la Poste a été de dire : « Cessez la grève et nous négocierons ! ». C’est dire la grande estime qu’elle porte au personnel et à ses représentant-es et sa grande volonté de consensus. Au passage, nous devons le souligner, par ces procédés, La Poste est pleinement responsable du durcissement du conflit. Cette attitude est clairement délibérée et réfléchie, avec sur place le DE comme provocateur et derrière, la DSCC qui veille au grain, prête à dégainer !
Et bien sûr le piège se referme !
Cependant, les cadres et les intérimaires ne tardent pas à arriver. L’urgence pour la direction est de décourager les grévistes, pas de renouer le dialogue ! Devant cette provocation, les agents en grève décident collectivement de freiner les entrées et les sorties du site. Dans une ambiance bon enfant entre grévistes et non grévistes, les tournées voiture (assurées par les cadres), sont retardées, immobilisées quelques minutes. Les collègues facteurs et factrices non grévistes à vélo s’arrêtent discuter puis partent en tournée … L’huissier ne tarde pas à faire son apparition et puisqu’aucun des grévistes du piquet de grève ne donne son nom, c’est le DE qui dénonce les rebelles. Menace pour entrave à la liberté de travailler. Il ne faut pas longtemps pour qu’un référé de La Poste parvienne au Tribunal avec demande d’astreinte de 500 €/jour.
La Poste interprète la loi à sa façon ou ne la respecte pas !
Pas de chance, le tribunal renverra la direction à ses chères études. D’une, parce que le jugement interviendra après la grève et ne sera plus d’actualité, mais aussi parce que légalement,ce recours est infondé. Nombre de jugements allant dans le sens que « Le seul obstacle à la libre circulation des marchandises à l’entrée et à la sortie de l’entreprise entre dans le cadre normal de l’exercice du droit de grève lequel est par définition perturbateur du bon fonctionnement de l’entreprise, au risque même de provoquer une paralysie de ce site de distribution de produits, mais qu’il n’est pas cause pour autant de désorganisation de la société … » Autant dire, que nous sommes bien dans une opération d’intimidation et de bluff, surtout qu’il faut vous dire, que cette direction, si acharnée à nuire au personnel, a mis 3 jours à réaliser qu’il y avait une autre sortie praticable de l’autre côté du site et que les grévistes ne la bloquaient pas ! Ce que nous avions fait constaté par huissier de notre côté. Vous devez savoir que, dans le même temps, l’Inspection du Travail est venue constater l’utilisation abusive par La Poste d’intérimaires pour remplacer les grévistes ! Et que là, il n’y a pas photo, la Direction enfreint la loi volontairement.
Et pour finir : la vengeance !
N’ayant pas réussi à faire condamner les grévistes et prise la main dans le sac, on s’attendait bien à ce que La Poste, au mépris de toute justice, mansuétude ou autres sentiments humains à l’égard de ses agents, veuille, en interne, se venger des factrices et des facteurs qui avaient osé lui tenir tête pendant 5 jours. Et puis, faire des exemples c’est toujours bon pour que le reste du personnel se tienne à carreau ! Les enquêtes administratives 532 n’ont pas tardé à pleuvoir sur le site de Fleury, et ce sont 9 postier-es qui se voient assigné-es en conseil de discipline pour « entrave au droit du travail » avec des demandes de sanctions. Un scandale pour une poste récidiviste qui se croit tout permis en interne avec ses agents ! Malgré qu’elle ait été déboutée à de nombreuses reprises devant les tribunaux sur des sanctions infligées dans le cadre de la grève ou de l’action syndicale (Tours, Grenoble, Paris) ou qu’elle ait été désavouée par l’Inspection du Travail comme dans le 92, elle entame ces procédures, sachant pertinemment qu’elle est en plein abus de pouvoir ! Les articles L1132-1, L2511-1 et L2512-3 prohibent les sanctions prononcées à l’encontre de salarié-es grévistes en raison de fait de grève. Donc La Poste n’a pas à sanctionner ! Il va de soi que les tribunaux compétents casseront ces décisions, nous en sommes persuadé-es.
Tous les postier-es concerné-es !
Cette répression des agents du site de Fleury-les-Aubrais doit interpeller l’ensemble des postier-es. Nous sommes toutes et tous concerné-es par ce qui est en train de se passer, et nous devons ne pas laisser faire. Nous voyons déjà dans les réorganisations en cours que les DE se permettent de tenir des propos quant à l’inéluctabilité de leur projet et refuser la moindre variante ou proposition du personnel et de ses représentant-es. Il est bien clair pour eux que l’exemple de Fleury-les-Aubrais est la preuve que toute opposition serait velléitaire. Nous ne pouvons pas laisser s’installer cette situation dans le contexte actuel de suppression d’emplois et d’organisations innovantes avec leurs lots de reculs sociaux en termes d’horaires, de pauses, de surcharge de travail… L’ensemble des postier-es de cette direction doit résister et s’opposer à cette évolution néfaste de La Poste. En commençant par se solidariser avec les agents sanctionné-es de Fleury-les-Aubrais.
Les conseils de discipline auront lieu les 2, 7 et 8 octobre.
La DSCC demande une semaine de mise à pied, une sanction qui peut éventuellement conduire à la perte de leur tournée. Une attaque contre l’un ou l’une d’entre-nous, c’est un coup porté contre nous tou-te-s. L’objectif de la boîte est clair, s’acharner sur quelques-un-es pour empêcher la résistance collective. Être solidaires de nos collègues victimes de la répression, c’est dès aujourd’hui marquer des points dans le rapport de force qui nous oppose à nos Directions, c’est refuser la résignation qui fait le jeu de La Poste et de sa politique, c’est refuser qu’on dégrade non seulement nos conditions de travail, mais aussi nos conditions de vie.